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Emmanuel Macron ou la tentation de l’autoritarisme

jeudi 16 juin 2022

Sous le vrombissement des réacteurs de son avion personnel alors que la canicule s’installe sur notre pays, Emmanuel Macron a cessé d’être le président de tous les Français pour endosser le rôle de chef d’un camp assiégé. Instrumentalisant le tumulte de la guerre de Poutine en Ukraine, il met une pression inacceptable sur nos concitoyens pour obtenir une majorité absolue pour son camp (c’est ce que signifie en vérité l’expression banalisée de majorité « solide », voir la vidéo de Clément Viktorovitch ci-dessous). Il en appelle au « sursaut républicain », une expression réservée depuis 2002 au barrage contre l’extrême-droite, pour contrer sans avoir à débattre la principale force politique menaçant son absolutisme, à savoir la gauche traditionnelle, alors que celle-ci l’a élu en 2017 et a contribué à sa réélection en 2022 face à la représentante de l’extrême-droite... en arguant précisément du « front républicain ».

Emmanuel Macron a assimilé ses contradicteurs au « désordre » : « rien ne serait pire que d’ajouter un désordre français au désordre mondial », comme si le débat démocratique au sein d’une Assemblée était assimilable à la guerre et au génocide. Pire : les voilà assimilés au camp ennemi d’une République qu’il aurait seul le privilège d’incarner.

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Sans doute contrarié par les résultats de son camp (cf. ci-dessus les résultats du premier tour décomptés par Le Monde du 14 juin), le président de la République a accrédité le trucage des chiffres de son ministre de l’Intérieur (« vous avez placé en tête la majorité présidentielle ») et signifié que voter pour son camp relèverait de « l’intérêt supérieur de la nation », une expression martiale qui exigerait au contraire de sa part qu’il n’entrât pas dans l’arène politicienne. En estimant qu’« aucune voix ne doit manquer à la République », il se pose en rempart contre les ennemis de l’Intérieur que seraient ses contradicteurs (« Il nous faut défendre nos institutions face à tous ceux qui les contestent et les fragilisent »). Mais en quoi le débat contradictoire - l’essence même de la démocratie - pourrait fragiliser la République ?

S’exprimant ainsi, Emmanuel Macron n’est « pas au niveau » de sa fonction, pas davantage que les dictateurs accomplis ou en herbe qui ont surgi dans le passé et le présent proche pour tourmenter les peuples au nom de conceptions dépassées. En tant que mouvement engagé dans la transition écologique, nous savons qu’aucun monarque, tout éclairé qu’il puisse être, n’entamera à notre place la bifurcation sociale et économique nécessaire à notre survie, qu’aucune politique viable sur le long terme n’est à attendre hors du débat et de la délibération publiques. Nous savons depuis l’Antiquité que l’inspiration et le dépassement des positions initiales naissent de la contradiction. C’est pourquoi, le 19 juin, tout en considérant prioritaire le barrage contre l’extrême-droite, le Pacte pour la transition dans les Hauts-de-France appelle au « sursaut démocratique », c’est à dire à mettre en échec, partout où cela est possible, cette conception monopolistique, anachronique et périlleuse de l’exercice du pouvoir politique et à redonner au débat toute sa place dans une République qui - ne l’oublions pas - se définit précisément comme parlementaire.

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