La Mission Régionale de l’Autorité Environnementale publie dans son rapport du 13 juin dernier consacré au nouveau PLU de la MEL un jugement globalement négatif sur la qualité du travail accompli au regard de « la clarté du dossier, la qualité de l’évaluation environnementale, la prise en compte de l’environnement et de la santé, ainsi que la bonne information du public », en bref du respect des Métropolitains et de leur santé. « En l’état du dossier le projet a des impacts significatifs sur la biodiversité et prévoit la création de logements dans des secteurs où la qualité de l’air est très dégradée, avec des impacts forts sur la santé. Le dossier est insuffisant sur le climat. En l’absence d’une évaluation plus complète des émissions de gaz à effet de serre, cette thématique n’est pas prise en compte au niveau attendu pour le projet de PLUi » (p.4). Ainsi, « du fait de la sous-évaluation de certains enjeux, comme pour la biodiversité ou la qualité de l’air, ou d’une démarche d’évitement ou de réduction des impacts non aboutie, les incidences du PLUi sur l’environnement et la santé restent non négligeables » (p.16).
Vulnérabilité et adaptation au changement climatique
« L’adaptation au changement climatique doit être intégrée dans tous les choix d’aménagement, afin de garantir aux habitants actuels et futurs des conditions de vie pérennes minimisant les risques sont au regard de l’évolution accélérée du climat et des conséquences qui en découlent ». Il s’agirait de « respecter le cycle de l’eau et maîtriser la pollution des eaux de ruissellement, maîtriser les effets des sécheresses et canicules (îlots de chaleur urbains, retrait-gonflement des argiles), développer la nature en ville et la biodiversité urbaine, freiner la dégradation des carrières souterraines. [...] Par ailleurs, le PLUi encadre l’emprise au sol des constructions et oblige à maintenir une part des unités foncières en espaces verts de pleine terre » (p.28).
Qualité de l’air
Concernant un des enjeux sanitaires majeurs, à savoir la qualité de l’air, « l’autorité environnementale recommande, après prise en compte d’un état initial basé sur des connaissances scientifiques récentes, au-delà des seuils réglementaires » :
– « d’éviter de créer de nouvelles zones urbaines à proximité des axes où la qualité de l’air est très dégradée et d’exposer de nouvelles populations, notamment des populations vulnérables, dans les secteurs les plus pollués », comme sur la friche Saint-Sauveur avec son projet olympique de piscine dotée d’une fosse de plongée, au risque de la nappe phréatique crayeuse et de la santé des nageurs et plongeurs
– « de renforcer la prise en compte de la pollution de l’air dans les orientations d’aménagement et de programmation des sites de projet et l’orientation d’aménagement et de programmation Climat Air Énergie Risques Santé en prescrivant la réalisation systématique d’une étude spatialisée des concentrations en polluants atmosphériques pour les projets situés en zones air prioritaire et de dépassement réglementaire identifiées dans la carte stratégique de qualité de l’air »
– « de prescrire la réalisation d’une étude quantitative des risques sanitaires du fait de la pollution de l’air en cas d’exposition de nouvelles populations à des concentrations de polluants dépassant les seuils réglementaires actuels et à venir » (p.51).
La Voix du Nord, 10 juin 2023, p.14
Retour sur Saint-Sauveur
Rappelons-nous des déclarations triomphantes sur la « revanche » de la Préfecture, la MEL et la Mairie de Lille au « match retour » devant le tribunal administratif dans La Voix du Nord du 10 juin 2023 et reprenons le dossier là où il aurait dû demeurer : celui de l’intérêt et du bien-être des Lillois et des habitants de la Métropole au regard de l’habitabilité de leur espace de vie. De ce point de vue, à Saint-Sauveur, le match est plié depuis plusieurs années. Pour quel bénéfice devrions-nous sacrifier les derniers hectares disponibles de Lille à l’artificialisation et au bétonnage, alors alors que l’habitabilité des grandes agglomérations est remise en question avec le dérèglement climatique, notamment sous l’effet des dômes de chaleur ? Pour quel bénéfice devrions-nous sacrifier le Belvédère, le dernier carré de pleine terre au centre de Lille ? Sûrement pas pour une piscine olympique en air pollué, quitte à rajouter de la pollution à un air déjà insalubre, alors qu’il est toujours possible de rallonger la piscine de Marx Dormoy de quelques centimètres et d’améliorer sa desserte par une politique intelligente de transports en commun.
Conclusion
Nous avons changé d’époque. La consommation de terres fertiles, la destruction de biotopes ne doit plus relever de la routine et n’être envisagées que d’une main tremblante, pour des projets d’une importance vitale et en ayant épuisé tous les recours de construction sur des espaces déjà artificialisés. La déclaration d’intérêt général, trop souvent instrumentalisée au profit d’intérêts particuliers, n’est plus un critère pour en juger. Et pour arrêter le char des grands projets inutiles et néfastes, c’est la mobilisation citoyenne qui demeure le meilleur rempart. Sachons donc nous mobiliser pour un usage de la friche Saint-Sauveur au bénéfice des Métropolitains et pour préserver plus généralement l’habitabilité de notre Métropole.
- Vous pouvez contacter les administrateurs et administratrices de P.A.R.C (Protection Aménagement Réappropriation Collective du site Saint Sauveur et de son Belvédère)
Michel Cucchi
Pacte pour la transition dans les Hauts-de-France